Que savez-vous d’Haïti ? par Jean Willer Marius

HAÏTI RENAITRA – Aspirant Ministre du Bonheur des Haïtiens.

  • Que savez-vous d’Haïti ? par Jean Willer Marius

C’est la question que Haïti Renaitra a posée à un collègue à peau claire qui a dépassé la pauvreté d’esprit qui consiste à inférioriser les humains se basant sur leurs positions géographiques ou la couleur de leur peau.

  • Ben chu pas certain de trop savoir, mais je crois que c’est le pays le plus pauvre de l’Amérique où la population est livrée aux gangs et qui est impossible de vivre dans la démocratie malgré toute l’aide qu’on leur apporte. Les Haïtiens constituent le plus grand flux migratoire actuel.

C’est tout?

  • Ahah, j’ai aussi entendu qu’ils ont assassiné leur président et kidnappé 17 ressortissants américains, c’est dégueu.

Guettant une réaction de notre part, Haïti Renaitra a dit ce qui suit : Vos réponses, actuelles et factuelles sont loin de représenter la vérité à propos d’Haïti. La vérité c’est que, Haïti ne serait pas le pays le plus pauvre si les riches de l’Amérique et de l’Europe ne l’ont pas pillé en emportant son or et d’autres richesses par bateau. Ils pourraient riposter, mais ils les avaient rendus esclaves. Sans éducation ni soin de santé, ils étaient transformés en bêtes sauvages, car certains pseudo penseurs leur avaient fait comprendre que les Noirs étaient incapables d’aimer ni de ressentir la souffrance. Aussi ont-ils fait sur eux les expériences les plus inhumaines.

Fâchés, acculés, ils se sont révoltés. Ils ont allumé un brasier pour faire fondre leurs chaines et les transformer en épée et dans la nuit 13 au 14 aout 1791 une révolte s’en était suivie, brutale, de force égale aux violences subies, d’aucuns diraient qu’ils étaient à bonne école, brûlant tout, car ne possédant rien. Le bruit a couru et 13 ans plus tard l’ile a conquis son indépendance à Vertières, le 18 novembre 1803. Le nouvel état encore titubant se cherchait. Mais ses ennemis continuaient de hanter sa terre et son chaud soleil, payant des mercenaires pour déstabiliser la Première République noire libre et indépendante. En 1825, ils ont forcé Boyer à vider les caisses du trésor pour payer la dette de l’indépendance, une escroquerie qui se chiffrerait à plus de 20 milliards de dollars aujourd’hui et un Européen du nom de Luders a servi de prétexte pour nous soutirer de l’argent et nous humilier, arme au poing, en plus de l’affaire Batch qui a fait naître ce cri du cœur d’Oswald Durand: Nous leur jetâmes l’argent le front haut, l’âme fière ainsi qu’on jette un os aux chiens.

Tenaces, les Haïtiens ont recommencé à cultiver leurs terres, cette terre sacrée où croissent ensemble toutes les plantes à longueur de l’année, ils ont recommencé à construire aussi en même temps qu’ils travaillaient à aider les autres peuples du continent à se libérer de l’esclavage en commençant par ses voisins de l’autre côté de la frontière. En 1957, ils ont placé leur agent à la tête du pays un certain tortionnaire nommé Duvalier et pendant trente ans, la dictature a sévi. Les jeunes ne pouvaient se livrer à leurs études sous peine d’être battus et internés à Fort-Dimanche par les tontons macoutes qui ne comptaient plus leurs victimes.

Le 7 février 1986, le peuple a renversé Duvalier et ils sont venus installer leurs sbires à la tête du pays, obligé les industries à payer 33 centimes de l’heure aux ouvriers qui ont été forcés d’abandonner leurs terres. Paru ensuite un prêtre, leader charismatique, animé, parait-il, de bonnes intentions. Sept mois plus tard, ils l’ont renversé par un coup d’État militaire, tuant des milliers d’Haïtiens. Et le processus de déstabilisation continu, William a interdit la culture du riz dans la vallée de l’Artibonite et installé un bandit notoire, le pire d’entre nous, à la tête du pays. Cette installation sous fond d’élection frauduleuse visait un double but : nous avilir et nous appauvrir. Le bandit a nommé pire que lui et ensemble ils ont fédéré les gangs, ceux-là mêmes qui ont kidnappé les Américains après avoir été soutenus dans le kidnapping, le viol et l’assassinat de nombreux jeunes professionnels du pays. Au final, il a été assassiné, semble-t-il, par des dealers insatisfaits.

Haïti est donc devenu un enfer, ce qui fait fuir les jeunes, d’où le flux migratoire.

Intarissable dans sa défense, Haïti Renaitra poursuivrait longtemps encore s’il n’avait pas entendu, dans un souffle, un murmure : Donc tout est de la faute des autres?

  • Non répondit-il, car ce sont certains Haïtiens qui ont aidé à déstabiliser leur pays. Mais, que peut un homme qui a un couteau sous la gorge et un revolver sous la tempe, tenus par des mains expertes?

ISSN 2564-176X Le matin canadien (en ligne)  –  ISSN 2564-1778 Le matin canadien (imprimé)